07.09.2013 par Zimmer

Disparition de Dick Ukeiwé, ancienne figure politique de la Nouvelle-Calédonie

Dick Ukeiwé, qui avait été notamment sénateur (de 1983 à 1992), président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (de 1984 à 1989) et député européen (de 1989 à 1994), est décédé le 3 septembre à l'âge de 84 ans.

Il avait commencé son parcours politique au sein de l'Union Calédonienne (UC) et s'était fait élire, en octobre 1957, à l'assemblée territoriale de la Nouvelle-Calédonie créée par la loi-cadre Defferre de 1956. Réélu en décembre 1958, il avait dû en démissionner en mai 1961 après avoir été frappé d'inéligibilité à la suite d'une condamnation. 

Ayant ensuite rejoint l'Union Démocratique (UD), il avait retrouvé un siège à l'assemblée territoriale à l'occasion du renouvellement de septembre 1972. A partir de cette date, il avait exercé à plusieurs reprises les fonctions de président de la commission permanente et de président de l'assemblée territoriale. S'étant rapproché du Rassemblement Pour la Calédonie (RPC), parti créé par Jacques Lafleur en avril 1977 pour contrer la montée de la revendication indépendantiste, réélu à l'assemblée territoriale et de nouveau porté à la présidence de celle-ci en septembre de la même année, il avait été candidat aux élections législatives de mars 1978 dans la nouvelle 1ère circonscription du territoire d'outre-mer (Côte est, Loyauté) face au sortant UC Roch Pidjot mais n'était pas parvenu à le battre au second tour.

Cofondateur en juillet 1978, avec le même Jacques Lafleur, du RPCR, allié au RPR au niveau national, Dick Ukeiwé était devenu vice-président (et, de fait, le numéro un politique) du conseil de gouvernement de la Nouvelle-Calédonie au lendemain des élections territoriales de juillet 1979 qui avaient vu la victoire des anti-indépendantistes. Il avait cependant dû quitter cette fonction en juin 1982 après la défection de la Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne (FNSC), organisation politique proche de l'UDF sur le plan national. Candidat du RPCR aux élections sénatoriales de septembre 1983, il avait pu prendre sa revanche sur la FNSC en battant, dès le premier tour, son représentant, le sortant Lionel Cherrier, qui était par ailleurs soutenu par l'UC.

En 1984, la Nouvelle-Calédonie avait été dotée d'un nouveau statut visant à lui donner une large autonomie, statut qui avait cependant été rejeté par le camp anti-indépendantiste tout comme par celui des indépendantistes. A l'occasion des élections territoriales de novembre 1984 qui avaient suivi la mise en place de ce statut et qui avaient été boycottées par le FLNKS nouvellement créé (ce qui avait marqué le déclenchement des incidents meurtriers opposant les extrémistes des deux camps à l'intérieur de l'archipel), le RPCR avait emporté la très large majorité des sièges et c’est dans ce contexte que Dick Ukeiwé avait été élu pour occuper le nouveau poste de président du gouvernement.

A partir de cette époque et avec Jacques Lafleur qui était lui-même député, il avait été, à Paris, l’une des deux voix des "loyalistes" néo-calédoniens. Le 24 janvier 1985, il avait prononcé, au Sénat, un discours resté célèbre dans lequel, tout en condamnant la politique du pouvoir socialiste en Nouvelle-Calédonie, il appelait au dialogue avec les indépendantistes. Après les échecs du statut Fabius-Pisani puis du statut Pons, il avait soutenu les accords de Matignon de juin 1988 et avait été cosignataire de l’accord d’Oudinot en août de la même année.

Lors des élections municipales de mars 1989, il avait échoué dans sa tentative de conquête de la mairie de Dumbéa, face au sortant Bernard Marant, en dissidence du RPCR depuis son opposition aux accords de Matignon. En juin de la même année, il n’avait pas été candidat aux élections provinciales qui avaient fait suite à la mise en place des nouvelles institutions mais il s’était fait élire député européen sur la liste UDF-RPR conduite par Valéry Giscard d’Estaing.

Progressivement mis à l’écart du RPCR et s’étant éloigné de Jacques Lafleur, il avait perdu son siège de sénateur à l’occasion des élections sénatoriales de septembre 1992 où les grands électeurs lui avaient préféré Simon Loueckhote, devenu président du congrès du territoire de la Nouvelle-Calédonie au lendemain des élections provinciales de 1989.

Resté député européen jusqu’aux élections européennes de juin 1994, Dick Ukeiwé avait encore été candidat, sans succès, aux élections législatives de 1993 et de 1997, dans la 1ère circonscription de l'archipel (Nouméa), face à Jacques Lafleur. Arrivé en deuxième position lors du premier tour de 1993 avec 16,04 % des suffrages exprimés, son score n’avait été plus que de 4,22 %, toujours au premier tour, quatre ans plus tard.

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